Mes palétuviers lors de la plantation des graines
Ma mangrove aujourd'hui !
L'histoire de ma mangrove !
Dans la nature, les biotopes marins sont riches de couleurs et de diversité.
Les bacs récifaux présentent certaines caractéristiques que l’on rencontre dans la nature en zone brassée, agitée, et par définition aux abords des récifs rocheux.
D’autres biotopes sont également intéressants, quant à leur esthétique ou à la biodiversité qu’ils abritent.
La mangrove est l’un de ces biotopes, très riche de vie, et de vie spécifique.
Ce biotope est, rappelons le, inféodé aux zones aquatiques à alternance marine et douce, ou aux eaux saumâtres. On rencontre ce type d’eau dans les embouchures ou les estuaires.
Cette eau permet la croissance d’arbres que l’on nomme palétuviers.
A ma connaissance, il s’agit du seul arbre susceptible de se développer en eau salée.
C’est un arbre dont, à marée haute, on ne distingue que le tronc et les feuilles, mais qui découvre, à marée basse, un réseau de racines ramifiées, refuge idéal pour une faune spécifique.
En aquarium, il n’est pas possible (jusqu’à quand ?) de reproduire une alternance journalière d’eaux à salinités différentes.
La description de ce que j’ai réalisé ne correspond absolument pas à une mangrove, mais me permet de rêver à la vraie mangrove. (Je n’ai pas d’autres objectifs).
Selon les Américains qui utilisent cette technique, les palétuviers ont des propriétés épuratrices intéressantes et seraient en mesure de fixer phosphates, nitrates, silicates et métaux lourds.
Ils conseillent d’utiliser un palétuvier pour 15 litres d’eau d’aquarium et prétendent que l’épuration naturelle qui en résulte est en mesure de suppléer à un écumeur défaillant.
Lors d’un séjour en Martinique, sur la plage des trois Ilets, pas très loin du rocher du Diamant, j’ai eu l’attention attirée par un caniveau en béton, pas très esthétique, qui traversait le sable pour se jeter dans la mer en contrebas.
Et tout à coup, j’ai remarqué un amoncellement de gousses vertes au milieu d’autres déchets.
Aussitôt, j’ai regardé autour de moi et repéré les racines caractéristiques des palétuviers qui surplombaient le caniveau. Il s’agissait bien de graines de palétuviers !
J’ai donc prélevé une trentaine de ces gousses, que j’ai ensuite lavées sous un robinet proche. (Il ne fallait peut – être pas, mais je n’ai pas pu résister).
Je vous raconte tout cela parce que, en général, je ne m’autorise pas de prélèvements en milieu naturel, mais que, dans ce cas particulier, il s’agissait pour moi de recyclage de déchets.
J’ai donc installé 24 Heures plus tard ces gousses dans une petite cuve de 80 litres, alimentée par une petite pompe de 1 000 L/h placée dans ma cuve de décantation.
Cette cuve, percée, possède un trop plein muni d’une crépine, qui renvoie l’eau dans la décantation.
Le brassage est quasi inexistant, si ce n’est un léger courant.
L’eau est issue de mon bac récifal, et possède des caractéristiques en rapport :
(NO3 = 0, PO4—non mesurables, Ca++ = 430 mg/l, KH = 12, ajout ciblé d’oligo-éléments, pH variant entre 8,03 et 8,2)
J’ai mis une couche de sable dans ce bac, quelques pierres vivantes récemment importées pour alimenter la cuve en zooplancton.
Si on observe les conditions de reproduction des palétuviers, il apparaît que les gousses sont produites par l’arbre et y restent jusqu’à ce que le pédoncule qui les relie à cet arbre se dessèche. Or, cette chute se produit en saison sèche, lorsque les eaux sont basses.
La gousse se plante dans le substrat, et reste en partie émergée.
Il n’y a pas de croissance à ce stade !
La croissance démarre en début de saison humide lorsque l’hygrométrie s’élève.
En effet, l’activité biologique des palétuviers requiert un apport d’eau douce, comme pour tout être vivant.
Or, les palétuviers sont bien conçus et peuvent rejeter le sel après absorption d’eau de mer.
Ce sont les pluies, fréquentes en saison humide, qui débarrassent la plante du sel excrété par les feuilles et la tige.
J’ai eu la chance de collecter mes palétuviers en début de saison humide. Je les ai fixés verticalement au travers d’un support en polystyrène percé, de manière à ce que 30% environ de la plante restent émergés.
L’éclairage est réalisé par une lampe HQL, à forte tonalité jaune au niveau du spectre d’émission.
J’ai choisi de maintenir une hygrométrie élevée dans la partie aérienne de ma cuve en la recouvrant d’une plaque de verre et en vaporisant les feuilles à l’aide d’eau osmosée deux fois par jour.
En quelques semaines, des racines rouges, puis des radicelles blanches, sont apparues.
Dans un second temps, le bourgeon supérieur s’est déployé puis deux feuilles vertes se sont développées.
Actuellement, j’ai les gousses depuis trois mois, et les tiges ont poussé de vingt centimètres avec plusieurs couronnes de feuilles.
Je suis actuellement en train de me documenter sur les techniques de taille des bonsaïs …
Un conseil, si vous m’imitez, prévoyez une hauteur importante entre le niveau de l’eau et le sommet de la cuve, afin de permettre aux plantes de pousser.
Dans l’eau de ce bac, de nombreux organismes sont apparus spontanément :
Zooplancton,
Petites méduses de 2 mm en nage libre
Copépodes
Petites ophiures blanches
Nombreux vers
Petits crabes
Une souche de Caulerpa a également été implantée dans ce bac.
Il me reste à préciser pour ceux d’entre vous qui entreverraient l’espoir de se priver de leur écumeur que ce n’est pas mon objectif, et que pour l’instant, mon écumeur persiste à retirer journellement 60 ml d’un liquide parfaitement noir.