Explosion d’algues du type dinoflagellées

Tout a commencé en août ; Il faisait chaud et le groupe froid de mon bac ne parvenait plus à faire baisser suffisamment la température, qui atteignait en fin de journée 29 à 30°.

Les coraux et les poissons ne manifestaient pas de signe de stress visible en cette occasion. Néanmoins, au bout de quelques jours, de petites taches marron doré apparurent sur quelques pierres, et atteignirent un diamètre de 5 à 10 cm en quelques semaines.

Heureusement, la canicule ne dura pas et en septembre, la température élevée du bac n’était plus qu’un mauvais souvenir.

Les taches d’algues marron étaient toujours présentes sur quelques pierres, et ne semblaient pas manifester de velléité d’extension ou de régression.

Il convient de signaler que mon bac commençait à être le terrain de prédilection de multiples espèces d’algues inférieures à l’effet plus ou moins esthétique.

Les plus envahissantes étaient sans nul doute des algues noires tapissantes, très résistantes à l’arrachement.

Je commençais à soupçonner mon filtre semi humide, toujours en service, d’être à l’origine de ces désagréments.

En effet, selon la méthode berlinoise, l’écumeur doit retirer les déchets organiques avant leur dégradation en nitrates, nutriments pour toute une flore indésirable.

Je décidai donc un beau matin de retirer mon filtre semi humide, ce qui fut fait.

J’étais fier de mon succès, mon bac se comporta en effet sans reproche durant les trois semaines qui suivirent.

Puis ce fut la catastrophe, les algues marron proliférèrent, recouvrirent dans un premier temps les algues noires sur les zones les plus exposées à la lumière, puis tout le bac dans un second temps.

Je décidai de les éliminer en créant de mini tempêtes dans le bac avec une Maxi Jet, et en les recueillant sur de la ouate de perlon. Elles recolonisaient tout le bac en 20 mn.

De quoi s’agissait il ?

Cyanobactéries ?

Dinoflagellées ?

Mon détaillant aquariophile, après un contact téléphonique avec ses fournisseurs, sensés connaître le phénomène, me certifia qu’il s’agissait de cyanos.

Je vérifiai mon écumage ; la pompe de circulation de mon écumeur (DELTEC AP 850) était partiellement entartrée. Je la nettoyai par trempage dans un bain d’HCl.

L’écumeur fonctionnait, mais ne retirait pas grand chose. Je fis l’hypothèse que cela était dû à un potentiel Rédox insuffisant, ce qui expliquait à mes yeux l’explosion de cyanos.

J’ai eu recours au KMnO4, en désespoir de cause, pour remonter le Rédox.

Premier effet visible : Amélioration nette de l’écumage. L’écumeur crachait en effet journellement de quoi remplir deux coupelles d’un jus couleur thé foncé.

Ca ne pouvait pas être négatif ! Malheureusement, les algues ne manifestaient pas la moindre gêne durant le traitement, et croissaient de plus belle.

J’ai alors fait l’hypothèse qu’il s’agissait d’une explosion de dinoflagellées, due notamment à un excès de phosphates et à la présence de CO² diffusé par le réacteur à calcaire, malgré la présence d’une cuve de dégazage.

Le retrait du filtre semi humide, par l’action sur le rapport PO4/NO3 qu’il a entraîné, a certainement été le déclencheur du phénomène.

Les phosphates présents dans le bac étaient mesurables, mais en quantité faible (0,03 mg/l Test SALIFERT), alors que les nitrates ont toujours été non mesurables (Aquarium Systems Low Range Nitrate Test).

En octobre, j’ai décidé de m’attaquer aux phosphates :

  • Nettoyage journalier des algues avec recueil des sédiments sur du perlon.
  • Filtration sur produit anti phosphates (Phos’Ex 2000 de JBL)
  • Amélioration de la circulation dans l’écumeur, par l’acquisition d’une pompe EHEIM 1060
  • Arrêt à contre cœur en décembre de mon réacteur à calcaire et apports journaliers de lait de chaux pour remonter le pH, désespérément bas depuis le début de mes problèmes (8,05 en soirée).
  • Changements d’eau importants (200 l par semaine sur une contenance totale de 8 à 900)

Les coraux et poissons ne semblaient pas souffrir de l’état du bac, que les visiteurs qui le connaissaient auparavant ne reconnaissaient plus, tant il était piteux !

Par contre, la plupart des espèces herbivores (Salarias, Astréas), à l’exception des bernards l’hermite, avaient disparu dés les premières semaines de l’invasion, confirmant, s’il en était besoin, le caractère toxique de mes aliens.

En janvier, pas d’amélioration, mon moral aquariophile n’était pas terrible …

En plus, un ami aquariophile, qui avait été également confronté au problème sur son bac, également âgé de 4 ans, avait du démonter son bac en désespoir de cause au bout de quatre mois d’invasion.

Il y voyait une sorte de fatalité et nous commencions à gamberger sur la limite d’âge des bacs récifaux.

Je pris en janvier la décision de siphonner totalement le sable de mon bac, soupçonné d’être une usine à phosphates.

Merci à l’aquariophile qui a consacré son week end à m’aider dans cette opération. Je ne serais certainement pas arrivé seul à retirer 25 litres de sable nauséabond, et pas vivant du tout.

Sans amélioration visible pendant de (longues) semaines, je décidai de renouveler le Phos’Ex utilisé en filtration.

Craignant un choc osmotique par analogie avec l’oxyde d’alumine, je l’entourai de perlon, mais sans le rincer.

Ce fut la catastophe : décès immédiat des 3/4 de la population de poissons de mon bac (Merci JBL !) et disparition immédiate de la totalité des dinos.

Cette disparition fut transitoire (elles étaient à nouveau là dés le lendemain) mais cet incident m’avait confirmé qu’il s’agissait bien d’un problème lié aux phosphates.

Je n’étais pas au bout de mes peines. En effet, ne trouvant plus de source de phosphates, les dinos s’attaquèrent brutalement aux polypes des SPS, qu’elles colonisèrent en grande partie.

Cette colonisation dura deux jours seulement, mais entraîna une nécrose à 95% de deux seriatopora et d’un montipora. Les autres acropora perdirent leur coloration et devinrent très pâles.

En un mois depuis la disparition des algues, le bac a repris vie. Les SPS repoussent. Les algues supérieures explosent (caulerpes, halimeda).

Le zooplancton réapparaît.

Les SPS ont retrouvé leurs couleurs. Néanmoins, certaines zones nécrosées restent visibles pour l’instant.

J’ai finalement eu un élément de réponse en analysant mon eau osmosée. Le taux de phosphates y était de 0,3 mg/l après osmose.

Afin de permettre aux aquariophiles qui seraient confrontés à cette difficulté, je pourrais récapituler les actions qui m’ont permis d’éradiquer ces pestes :

  • siphonage du sable.
  • Filtration sur oxyde d’alumine
  • Utilisation de bactéries anti phosphates 
  • Modification du rapport PO4/NO3 en faveur des nitrates (utilisation de bactéries Biodigest et remise en service temporaire d’une filtration sur bioballes). Les bioballes sont plus aisées à enlever qu’un filtre semi humide et ce retrait peut être progressif.
  • Bien entendu, les apports d’eau neuve n’amélioraient pas la situation, compte tenu de leur charge en phosphates.

Avec le recul, les processus d’amélioration et de dégradation sont longs et les actions correctives ne sont pas perceptibles aisément. Il convient surtout de ne pas céder au découragement.

Ne reproduisez pas systématiquement des solutions ayant réussi dans un autre bac. Passez tout en revue !

Ce n’est que par hasard que j’ai testé mon eau osmosée. Je me contentais d’une lecture de la conductivité qui restait correcte à 40 µS.

Or, les concentrations de phosphates qui permettent à ces algues de se maintenir sont infimes. En outre, je ne suis pas certain que les tests du commerce permettent le titrage des phosphates liés à des composés organiques.

L’identification des algues est malaisée.

Les dinos se présentent sous différents aspects (« mucus nasal » beige clair, tapis brun doré, filaments bruns, etc.). La confusion avec d’autres pestes est facile.

J’espère que mon expérience sera utile à d’autres aquariophiles.